Riposte Laïque : Vous venez donc de publier le premier livre de votre vie « Pas devant les caméras », édité par les Presses de la Délivrance. Pouvez-vous expliquer aux quelques lecteurs de notre site qui n’auraient pas compris ce titre pourquoi avoir intitulé cet ouvrage ainsi ? Patrick Jardin : Le titre de ce livre, ce sont les seules paroles que Manuel Valls, alors Premier ministre de la France, a trouvées et a prononcées devant un père endeuillé qui recherchait sa fille… la seule chose qui le préoccupait, c’était non pas le but de mon intervention mais que je ne fasse pas de scandale devant les caméras. Cela situe le niveau du personnage ! Patrick Jardin : J’ai pris la décision d’écrire ce livre lorsque je me suis rendu compte qu’étant censuré partout, je n’avais pas d’autre moyen, en plus de mon blog (www.patjar.fr) que celui-ci pour communiquer au peuple français tout ce que j’avais découvert sur les attentats de novembre 2015. Riposte Laïque : Vous évoquez les quelques contacts que vous avez eus avec des personnalités politiques. Curieusement, les seules qui ont montré un intérêt pour votre souffrance, et votre combat contre le concert de Médine, sont des personnalités classées par les médias à l’extrême droite (Marine Le Pen, Nicolas Dupont-Aignan, Karim Ouchikh, Renaud Camus, Richard Roudier, Christine Tasin…). Alors que ceux qui sont classés dans le camp du Bien vous ont ignoré. Comment expliquez-vous cette apparente contradiction ? Patrick Jardin : Alors pour moi cela reste un mystère, car moi je cherchais juste à mener un combat contre le concert du rappeur islamique Médine, et cela m’apparaissait comme un combat apolitique et juste et non un combat politique, comme beaucoup ont voulu le faire croire, preuve qu’ils n’ont absolument rien compris, d’autant que j’avais écrit à tous les parlementaires, à tous les sénateurs, à tous les anciens présidents de la République ainsi qu’à tous les anciens candidats de droite comme de gauche ! J’aurais aimé que comme pour Charlie, les personnalités politiques de droite comme de gauche s’unissent derrière moi, comme ils l’ont fait après le massacre de Charlie lors du défilé dans les rues de Paris. Hélas, certains ont manqué cruellement de courage et c’est navrant de le constater, surtout quelques mois après le massacre de Charlie ! En fai,t durant le cortège de Charlie, il se battaient tous pour apparaître devant les caméras ; ils se battaient tous pour être en compagnie du président de la République en première ligne, en jouant des coudes pour bien se faire remarquer des médias, et quelques mois après… plus personne ! C’est à cela aussi qu’on mesure le courage politique de certains ainsi que leur manque de sincérité lors du défilé pour Charlie ! Riposte Laïque : Vous évoquez, dans cet ouvrage, le fait, pourtant contesté par les autorités françaises, que nombre de cadavres du Bataclan auraient été mutilés. Sur quoi vous appuyez-vous pour écrire une telle chose ? Patrick Jardin : Lors du procès en première instance du « logeur » Bendaoud, j’ai vu un papa en pleurs venir déposer à la barre du tribunal et cet homme a révélé à la salle entière que lorsqu’il est allé reconnaître le corps de son fils, il n’y avait plus d’yeux dans les orbites… De plus j’ai rencontré des gens du Raid qui sont pourtant habitués à être confrontés à des situations extrêmes, et TOUS m’ont décrit le même charnier ! Riposte Laïque : Vous décrivez, sur la fin de votre livre, les affreuses 48 heures qui ont suivi les attentats du Bataclan, et l’horrible attente. Puis le fait que, suite à votre interpellation de Manuel Valls, vous ayez pu enfin voir votre fille, mais seulement à travers une vitre. Comment expliquez-vous qu’en France il faille 48 heures pour prévenir un père que sa fille est morte, et surtout que vous n’ayez jamais pu l’embrasser pour lui dire au revoir ? Patrick Jardin : Cela reste INEXPLICABLE, car ma fille avait les avant-bras tatoués, rendant sa dépouille reconnaissable. À notre époque, je ne comprends toujours pas pourquoi, dans la salle de la cellule de crise, ils n’ont pas affiché les photos des personnes décédées. Je parle bien évidemment pour les victimes dont le visage était reconnaissable. Lorsque je suis allé reconnaître le corps de Nathalie, il était recouvert d’un drap jusqu’à son menton. J’ai demandé à l’entreprise de pompes funèbres, lorsqu’ils feraient la toilette de ma fille, de m’indiquer où se situaient les impacts de balles. L’entreprise de pompes funèbres n’a pas été autorisée à faire la toilette funéraire de ma fille. Celle-ci a été réalisée après l’autopsie qui m’a été imposée par l’Institut médico-légal et on nous a rendu le cercueil plombé. Par la suite j’ai eu les photos de ma fille décédée par l’intermédiaire des juges d’instruction. Photos, je suppose, prises durant l’autopsie. Celle-ci présentait à la base du cou une trace sombre (pouvant être aussi une trace d’égorgement), de sorte que je ne sais pas exactement de quoi est décédée Nathalie officiellement. On m’a indiqué un pneumothorax, mais comme une fois ils indiquent qu’elle est décédée dans le Bataclan, et d’autres fois qu’elle est décédée à l’entrée du Bataclan, tout est imaginable. D’autant que si elle est réellement décédée d’un pneumothorax à l’entrée du Bataclan, cela voudrait dire que si les secours étaient intervenus rapidement, elle aurait pu être sauvée, car la mort due à un pneumothorax n’est pas instantanée. Ce qui augmenterait gravement la responsabilité de l’État dans son décès vu les tergiversations sur la nature des intervenants (BRI,RAID,BI ) alors que le Raid était sur place depuis pratiquement le début de l’attaque et est resté inactif jusqu’à deux heures du matin, dans leur camions ! Que les choses soient très claires, je n’en veux absolument pas à ces gens extraordinaires qui sont surentraînés pour intervenir dans des situations les plus compliquées. J’en veux aux incompétents qui les commandent et qui ont mis deux heures et demie pour déclencher l’assaut. Imaginez-vous deux heures et demie sous les balles de ces pourritures, alors que vous n’êtes pas armé, le temps doit paraître extrêmement long. Et comme si cela ne suffisait pas, on avait promis la Légion d’honneur aux membres du commando qui était entré dans le Bataclan au péril de leur vie. Et bien ils ont poussé l’ignominie et la mesquinerie à la remettre uniquement au commissaire de la BRI. Quand on sait que Hollande l’a remise au prince d’Arabie saoudite 15 jours après les attentats, il y a de quoi être écœuré, bien que ces élites de la police ne se battent pas pour une médaille, surtout lorsqu’il y a une centaine de morts. Mais là encore, l’État, comme trop souvent, a été défaillant et a perdu l’occasion de leur montrer à quel point on leur était reconnaissant !